Campagnes et conquêtes, 1797-1807

L’influence de Napoléon sur la France dépend dès le début de son succès à la guerre. Après sa conquête du nord de l’Italie en 1797 et la dissolution de la première coalition, le Directoire avait l’intention d’envahir la Grande-Bretagne, rivale centenaire de la France et dernière belligérante encore en vie. Concluant que la puissance navale française ne pouvait pas soutenir une invasion maritime, le gouvernement envoya Napoléon en expédition militaire en Égypte, dans l’espoir d’étouffer la route principale menant à l’empire des Indes britannique. Lorsque l’expédition s’enlisa dans la maladie et l’impasse militaire, son commandant passa tranquillement devant un blocus naval britannique pour rentrer en France, où (en l’absence de nouvelles précises d’Égypte) il fut reçu comme le principal héros militaire du pays.

Au moment du coup d’État de Brumaire, les armées de la République avaient été chassées d’Italie par une deuxième coalition, mais elles avaient stoppé un assaut multifront contre la France par les armées de Russie, d’Autriche et de Grande-Bretagne. En d’autres termes, la république n’était plus en danger militaire imminent, mais la perspective d’une guerre interminable se profilait à l’horizon. Après Brumaire, la nation s’attendait à ce que son nouveau chef parvienne à la paix par une victoire militaire décisive. Cette promesse est tenue par Napoléon, qui mène de nouveau les armées françaises dans le nord de l’Italie et défait l’Autriche à la bataille de Marengo en juin 1800. Les défaites ultérieures en Allemagne poussent l’Autriche à signer le traité de paix de Lunéville en février 1801. Privée de ses alliés continentaux pour la deuxième fois, une Grande-Bretagne fatiguée par la guerre a finalement décidé de négocier. En mars 1802, la France et la Grande-Bretagne signent le traité d’Amiens et, pour la première fois en 10 ans, l’Europe est en paix.

En deux ans, cependant, les deux rivaux étaient à nouveau en état de guerre. La plupart des historiens s’accordent à dire qu’aucun des deux pouvoirs impériaux n’était le seul responsable de la rupture de cette paix, car aucun des deux ne renoncerait à ses ambitions de suprématie. Napoléon a violé à plusieurs reprises l’esprit du traité — en annexant le Piémont, en occupant la République batave et en assumant la présidence de la République cisalpine. Pour la Grande-Bretagne, l’équilibre des forces en Europe nécessitait une Italie indépendante et des Pays-Bas néerlandais. Cependant, la Grande-Bretagne a violé la lettre du traité en omettant d’évacuer l’île de Malte comme elle l’avait promis.

Une fois de plus, la puissance navale britannique a frustré la tentative de Napoléon de porter la guerre directement sur le sol britannique, et il y a eu peu de combats réels jusqu’à ce que la Grande-Bretagne puisse former une nouvelle coalition continentale en 1805. Lors de la bataille de Trafalgar (21 octobre 1805), les artilleurs de la marine britannique déciment les flottes française et espagnole, mettant fin à toute idée d’invasion outre-Manche. Napoléon se retourna plutôt contre les alliés autrichiens et russes de la Grande-Bretagne. Il surprit les Autrichiens à Ulm puis les écrasa de manière décisive à la bataille d’Austerlitz (2 décembre 1805), probablement son plus brillant exploit tactique. En vertu du traité de Pressburg (critiqué par le ministre français des Affaires étrangères Charles-Maurice de Talleyrand comme entièrement trop sévère), l’Autriche verse une lourde indemnité, cède ses provinces de Vénétie et du Tyrol et permet à Napoléon d’abolir le Saint-Empire romain germanique. La Prusse, restée un temps neutre par de vagues promesses de souveraineté sur Hanovre, se mobilise finalement contre la France, mais subit d’humiliantes défaites aux batailles d’Iéna et d’Auerstädt en octobre 1806. Les Français occupèrent Berlin, imposèrent une énorme indemnité à la Prusse, s’emparèrent de diverses provinces et firent du nord de l’Allemagne une sphère d’influence française. La campagne qui s’ensuit contre l’armée russe en Europe aboutit à une impasse sanglante à la bataille d’Eylau (8 février 1807), laissant Napoléon dans des détroits précaires avec des lignes de ravitaillement extrêmement vulnérables. Mais, lorsque les combats reprennent ce printemps-là, les Français l’emportent à la bataille de Friedland (14 juin 1807), et le tsar Alexandre Ier réclame la paix. Le traité de Tilsit, négocié par les deux empereurs, divisait l’Europe en deux zones d’influence, Napoléon s’engageant à aider les Russes contre leurs rivaux ottomans et Alexandre promettant de coopérer contre la Grande-Bretagne.

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