Louis Antoine, duc d’Enghien

Louis Antoine jeune garçon.

Le duc d’Enghien était le fils unique de Louis Henri de Bourbon et de Bathilde d’Orléans. En tant que membre de la Maison régnante de Bourbon, il était prince du sang. Il est né au Château de Chantilly, résidence de campagne des princes de Condé – un titre dont il est né pour hériter. Il reçoit le titre de duc d’Enghien dès sa naissance, son père étant déjà le duc de Bourbon et l’héritier du Prince de Condé, le duc de Bourbon étant l’Héritier apparent de Condé.

Le nom complet de sa mère était Louise Marie Thérèse Bathilde d’Orléans; elle était la seule fille survivante de Louis Philippe d’Orléans (petit-fils du régent Philippe d’Orléans) et de Louise Henriette de Bourbon. Son oncle était le futur Philippe Égalité et il était donc un cousin germain du futur Louis-Philippe Ier, roi des Français. Il descend également doublement de Louis XIV par ses filles légitimées, Mademoiselle de Blois et Mademoiselle de Nantes.

Enfant unique, ses parents se séparent en 1778 après la découverte de la relation amoureuse de son père avec une chanteuse d’opéra, Marguerite Catherine Michelot ; c’est sa mère qui est accusée de l’infidélité de son mari. Michelot était la mère des deux sœurs illégitimes d’Enghien.

Il fut éduqué en privé par l’abbé Millot, et en matière militaire par le commodore de Vinieux. Il montre très tôt l’esprit guerrier de la Maison de Condé et commence sa carrière militaire en 1788. Au déclenchement de la Révolution française, il émigre avec son père et son grand-père quelques jours après la prise de la Bastille, et en exil, il cherchera à lever des forces pour l’invasion de la France et le rétablissement de la monarchie à son statut pré-révolutionnaire.

En 1792, au déclenchement des guerres de la Révolution française, il occupe un commandement dans le corps des émigrés organisé et commandé par son grand-père, le prince de Condé. Cette armée de Condé participe à l’invasion infructueuse de la France par le duc de Brunswick.

Charlotte Louise de Rohan, épouse secrète d’Enghien ; miniature de François-Joseph Desvernois

Après cela, le jeune duc continua à servir sous les ordres de son père et de son grand-père dans l’armée de Condé, et, à plusieurs reprises, se distingua par sa bravoure et son ardeur à l’avant-garde. À la dissolution de cette force après la paix de Lunéville (février 1801), il épousa en privé Charlotte de Rohan, nièce du cardinal de Rohan, et s’installa à Ettenheim en Bade, près du Rhin.

Saisie, procès et mortModifier

Au début de 1804, Napoléon Bonaparte, alors Premier consul de France, apprend des nouvelles qui semblent relier le jeune duc à l’affaire Cadoudal, une conspiration traquée par la police française de l’époque. Il implique les royalistes Jean-Charles Pichegru et Georges Cadoudal qui souhaitent renverser le régime de Bonaparte et rétablir la monarchie. La nouvelle a couru que le duc était en compagnie de Charles François Dumouriez et avait fait des voyages secrets en France. C’était faux; il n’y a aucune preuve que le duc ait eu des relations avec Cadoudal ou Pichegru. Cependant, le duc avait déjà été condamné par contumace pour avoir combattu contre la République française dans l’Armée des Émigrés. Napoléon a donné des ordres pour la saisie du duc.

Des dragons français traversent secrètement le Rhin, encerclent sa maison et l’amènent à Strasbourg (15 mars 1804), puis au Château de Vincennes, près de Paris, où une commission militaire de colonels français présidée par le général Hulin est convoquée à la hâte pour le juger. Le duc est principalement chargé de porter les armes contre la France à la fin de la guerre, et d’avoir l’intention de prendre part à la nouvelle coalition alors proposée contre la France.

La commission militaire, présidée par Hulin, rédigea l’acte de condamnation, y étant incitée par ordre d’Anne Jean Marie René Savary, venue chargée d’instructions pour tuer le duc. Savary empêcha toute chance d’entrevue entre le condamné et le Premier consul, et, le 21 mars, le duc fut fusillé dans les douves du château, près d’une tombe déjà préparée. Un peloton de Gendarmes d’élite était chargé de l’exécution. Ses derniers mots furent :  » Je dois mourir alors aux mains des Français !

En 1816, ses restes sont exhumés et placés dans la Sainte Chapelle du Château de Vincennes.

Impact de la Mortdit

Exécution de l’Enghien par Jean-Paul Laurens

Sa tombe par Louis Pierre Deseine au château de Vincennes

La royauté à travers l’Europe a été choquée et consternée par la mort du duc. Le tsar Alexandre Ier de Russie était particulièrement alarmé et décida de freiner le pouvoir de Napoléon.

Enghien était le dernier descendant de la Maison de Condé ; son grand-père et son père lui ont survécu, mais sont morts sans produire d’autres héritiers. On sait maintenant que Joséphine et Madame de Rémusat avaient supplié Bonaparte d’épargner le duc ; mais rien ne ferait plier sa volonté. Que Talleyrand, Fouché ou Savary portent la responsabilité de la saisie du duc est discutable, car on sait parfois que Napoléon prétend que Talleyrand a conçu l’idée, tandis qu’à d’autres moments, il en assume lui-même l’entière responsabilité. Sur le chemin de St. Hélène et à Longwood, Napoléon affirma que, dans les mêmes circonstances, il referait la même chose ; il inséra une déclaration similaire dans son testament, déclarant qu' » il était nécessaire pour la sécurité, l’intérêt et l’honneur du peuple français lorsque le Comte d’Artois, de sa propre confession, soutenait soixante assassins à Paris. »

L’exécution a choqué l’aristocratie européenne, qui se souvenait encore de la saignée de la Révolution. Soit Antoine Boulay, comte de la Meurthe (député de Meurthe dans le Corps législatif), soit le chef de la police de Napoléon, Fouché, a déclaré à propos de son exécution « C’est pire qu’un crime, c’est une faute », une déclaration souvent rendue en anglais comme « C’était pire qu’un crime; c’était une gaffe. » La déclaration est aussi parfois attribuée à Talleyrand.

À l’inverse, en France, l’exécution semblait calmer la résistance intérieure à Napoléon, qui se couronna bientôt empereur des Français. Cadoudal, consterné par la nouvelle de la proclamation de Napoléon, s’écria :  » Nous voulions faire un roi, mais nous avons fait un empereur « .

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