Montanus

MONTANUS, schismatique chrétien du deuxième siècle. Pour des informations sur la vie de Montanus, nous dépendons des déclarations faites par les controversistes chrétiens de l’époque, telles que transmises par les pères de l’Église. Seules quelques déclarations de Montanus lui-même nous sont parvenues: « Je suis le Père et je suis le Fils et je suis le Paraclet », comme dans le Dialogue entre un Montaniste et un chrétien orthodoxe (J. Ficker, 1905, pp. 447 et suiv.) et selon Didyme d’Alexandrie (De Trinitate 3.41) et Épiphane (Panarion 48.11.1). « Le Paraclet » est parfois remplacé par « l’Esprit » ou « l’Esprit Saint » ou une forme élargie de celui-ci. L’homme est comme une lyre, et Montanus est décrit comme le plectre qui balaie les cordes. Des promesses extraordinaires sont faites aux fidèles, mais aucune indication concrète de l’enseignement ou des exigences éthiques de Montanus n’est donnée dans aucune des sources existantes le concernant.

Montanus aurait attiré l’attention pour la première fois à l’époque du proconsulat de Gratus (Quadratus?), à Ardabau (sur la frontière phrygienne de Mysie), en tant que promulgateur de la « nouvelle prophétie. »Lorsqu’elles sont combinées avec les données fournies par Eusèbe et Épiphane de Salamine, ces informations suggèrent la date 156/157 comme début approximatif de ce mouvement. Montanus aurait également été récemment converti au christianisme (dans l’Histoire de l’Église d’Eusèbe 5.16.17) et aurait été auparavant prêtre d’Apollon (cette désignation apparaît dans le Dialogue) ou, plus généralement, prêtre des idoles (dans le Dialogue et dans le De Trinitate 3.41 de Didyme). Jérôme parle de lui (Lettres 41, à Marcella) comme d’abscisum et semivirum (castré et demi-homme), c’est-à-dire un prêtre de Cybèle. Montanus se serait pendu (Histoire de l’Église 5.16.13). Puisque la même histoire est racontée de Maximilla, la prophétesse et proche collaboratrice de Montanus, le rapport est évidemment un morceau de polémique antihérétique, transmis par un écrivain anonyme simplement comme une rumeur (cité dans Histoire de l’Église 5.16.15). Nous ne pouvons pas dire avec certitude si le rapport est vrai que Montanus était à l’origine un prêtre païen, mais les affirmations contradictoires suggèrent que les premières polémiques chrétiennes ont joué un rôle dans le rapport, d’autant plus qu’il n’y a aucune référence à ce fond païen de Montanus parmi les écrits des anti-montanistes du deuxième siècle.

Augustin (De haeresibus liber 26) rapporte que Montanus célébrait la Cène du Seigneur avec du pain préparé avec le sang d’un nourrisson d’un an. Le sang avait été extrait au moyen d’innombrables petites perforations. La même histoire est racontée par de nombreux pères de l’Église (Épiphane, Filaste, Cyrille de Jérusalem, Jérôme), mais elle ne représente rien de plus que l’acceptation dans les polémiques chrétiennes antihérétiques de la légende païenne de la Cène du Seigneur chrétien orthodoxe comme impliquant le sacrifice ritualiste d’un enfant. Cette histoire a été racontée à la fin du IIe siècle (cf. Minucius Felix, Octavius 9.5). Parce qu’ils ne le reconnaissaient pas, certains chercheurs ont vu l’histoire comme reflétant l’influence d’une culture orgiaque en Asie mineure et l’ont considérée comme une justification pour approfondir la question. Les adversaires contemporains de Montanus ne savaient rien de l’histoire, sinon ils l’auraient volontiers utilisée pour argumenter contre lui. De plus, Eusèbe, qui résume pratiquement tout des écrits anti-montanistes, aurait sans doute transmis l’histoire.

Il n’y avait rien sur le montanisme qui n’aurait pu être trouvé, du moins sous forme de tendances, dans l’église chrétienne primitive. Le montanisme était un mouvement de renouveau qui cherchait à faire revivre, dans la seconde moitié du deuxième siècle, certains éléments du culte, de la doctrine et de l’éthique qui s’étaient progressivement éteints dans l’église en général au cours de la première moitié du siècle. Le montanisme lui-même a finalement connu le même type de développement que le christianisme officiel (cessation de la glossolalie, dépérissement de l’élément prophétique, non-accomplissement de l’attente de la seconde venue du Christ, déclin des normes éthiques), de sorte qu’au troisième siècle, les énergies internes du Montanisme se sont progressivement épuisées et il ne reste plus qu’une secte qui, à partir du quatrième siècle, a été exposée à la persécution ecclésiastique et civile et a été condamnée à l’extinction.

Bibliographie

Barnes, Timothy D. « La chronologie du montanisme. » Journal d’études théologiques, n.s. 20 (1970): 403-408.

Ford, J. Massingberd.  » Le montanisme était-il une hérésie judéo-chrétienne ? »Journal d’histoire ecclésiastique 17 (1966): 145-158.

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