Les chrysophytes sont un groupe d’algues que l’on trouve couramment dans les lacs. Elles sont parfois appelées algues brun doré en raison de leur coloration à partir de pigments photosynthétiques spécifiques. Ils sont souvent unicellulaires et ont un flagelle, ce qui leur permet d’être mobiles dans l’eau. Il existe plus de 1 000 espèces de chrysophytes connues. Un lac donné peut en avoir plusieurs dizaines. Chaque espèce a défini des optimums et des tolérances pour des conditions environnementales spécifiques (pH, salinité, température, etc.). Certaines espèces ont une écaille ou une plaque siliceuse fixée à leur paroi cellulaire. Lorsque les cellules de chrysophytes écaillées meurent, les écailles se déposent au fond du lac et sont conservées dans les sédiments. Cela offre aux scientifiques la possibilité de récupérer ces sédiments et de reconstruire quelles chrysophytes vivaient dans le lac sur de longues périodes. Parce que nous savons quelles conditions environnementales préfèrent chacune de ces espèces, nous pouvons reconstituer l’histoire écologique du lac en regardant quelles chrysophytes y ont vécu au cours des siècles et des millénaires.
Le lac ELA 239 est le principal lac de référence situé dans la région des lacs expérimentaux.
Région des lacs expérimentaux
Dans l’extrême nord-ouest de l’Ontario, se trouve la Région des lacs expérimentaux (ELA). L’ELA est un laboratoire naturel de 58 lacs et de leurs bassins versants utilisés pour la recherche limnologique. Il a été établi en 1968 par la province de l’Ontario et le gouvernement fédéral canadien dans le but d’effectuer des études expérimentales pour éclairer la gestion des bassins versants. La caractéristique unique d’ELA est que les chercheurs y effectuent des manipulations sur des lacs entiers, l’un des seuls endroits au monde où ce type de recherche est mené.
L’impact de la recherche sur les ELA est considérable et a directement affecté les Adirondacks. L’une de leurs expériences les plus remarquables sur un lac entier a été l’acidification expérimentale du lac 223 et du lac 302. Les chercheurs de l’ELA ont documenté des déclins à grande échelle des populations de poissons et des altérations du réseau trophique aquatique. En réduisant l’apport d’acide dans le lac, ils ont également documenté une reprise rapide de la chimie de l’eau, mais la réponse biologique n’a pas été aussi rapide. Cela a directement influencé notre compréhension de l’impact des dépôts acides sur les écosystèmes du lac Adirondack.
Le directeur des sciences et de la gérance de l’AsRA, le Dr Brendan Wiltse, a collecté un noyau sédimentaire utilisé pour étudier les changements dans l’abondance des chrysophytes depuis l’époque préindustrielle à ELA.
Chrysophytes, ELA et Changement climatique
Le directeur des Sciences et de l’intendance de l’AsRA, Brendan Wiltse, a récemment coécrit un article scientifique avec des collègues de l’Université Queen’s et du Ministère de l’Environnement et du Changement climatique de l’Ontario sur les changements dans l’abondance des chrysophytes depuis l’époque préindustrielle à ELA. Cette étude a documenté une augmentation marquée des chrysophytes à écailles coloniales dans de nombreux lacs au cours de cette période. Cela représente un changement majeur dans l’une des formes dominantes d’algues dans nos lacs. D’autres collègues de Queen’s ont documenté des changements similaires dans les lacs Adirondacks. On pense que ces changements sont dus aux récents changements climatiques qui influencent les propriétés thermiques des lacs et le flux de particules et de solutés importants dans nos lacs.
Brendan a mené ses recherches doctorales à l’ELA et a publié d’autres articles scientifiques sur la façon dont les lacs de référence peu perturbés qui s’y trouvent ont changé au fil du temps. Cette recherche est importante pour notre compréhension de l’impact du changement climatique sur les lacs de la région tempérée, y compris dans le bassin versant de la rivière Ausable.
Crédit photo: Frank Fox (CC BY-SA 3.0 DE)