Une tasse de café fait environ 150 ml, mais il y a plus d’eau cachée dans votre tasse de café du matin. En fait, une tasse de café nécessite environ 140 litres d’eau. Cette quantité représente la quantité d’eau nécessaire à la culture et au traitement des grains de café jusqu’à ce que le produit atteigne le consommateur. Cette eau « cachée » est ce que les experts ont appelé « eau virtuelle ». L’eau virtuelle est la quantité d’eau nécessaire à la production d’aliments, d’autres produits ou services et qui est ensuite considérée comme intégrée à ce produit ou service.
Plus précisément, les chercheurs Hoekstra et Chapagain ont défini la teneur en eau virtuelle d’un produit comme
le volume d’eau douce utilisé pour produire le produit, mesuré à l’endroit où le produit a été réellement produit.
Le concept d’eau virtuelle a été introduit pour la première fois par le professeur John Anthony Allan du King’s College de Londres et de la School of Oriental and African Studies comme un moyen de comprendre comment les pays pauvres en eau pouvaient fournir de la nourriture, des vêtements et d’autres biens gourmands en eau à leurs habitants. Pour ses contributions, le professeur John Anthony Allan a reçu le Prix de l’eau de Stockholm en 2008.
Le commerce virtuel de l’eau reflète donc l’eau virtuelle échangée entre les pays lorsqu’ils échangent des marchandises, des biens et des services. En principe, les flux d’eau virtuels devraient aider à déterminer comment les ressources en eau d’un pays sont utilisées pour soutenir la consommation dans un autre pays. Les flux d’eau virtuels combinés à des informations sur notre empreinte hydrique permettent également de cartographier les dépendances des différents pays et d’identifier les risques éventuels, en termes de pénurie, de pollution ou de changement climatique. Étant donné que l’eau est un apport essentiel à notre économie mondiale, la cartographie est un exercice important et peut avoir des implications importantes pour la sécurité alimentaire, l’économie et la diplomatie.
Regarder l’eau virtuelle fournit des statistiques stupéfiantes. Par exemple, 1 litre de lait comprend 1000 litres d’eau intégrée, 1 kg de blé nécessite 1350 litres d’eau et 1 kg de riz contient 3000 litres d’eau « cachée ». Les 140 litres d’une tasse de café utilisés pour cultiver, produire, emballer et expédier les grains représentent à peu près la même quantité d’eau utilisée quotidiennement par une personne moyenne en Angleterre pour la consommation d’alcool et les besoins du ménage. Montrer aux gens la teneur en « eau virtuelle » de divers biens permettra également, espérons-le, de mieux faire connaître la consommation d’eau et de favoriser un comportement de consommation durable.
Au niveau national ou régional, l’examen des flux commerciaux virtuels fournit des informations intéressantes sur les approches des différents pays. Plus précisément, les pays pauvres en eau tels que les pays méditerranéens, le Moyen-Orient et le Mexique trouvent souvent intéressant d’importer de l’eau virtuelle pour soulager la pression sur les ressources en eau domestiques. Les pays d’Europe du Nord importent également beaucoup d’eau virtuelle, mais cette politique vise à protéger les ressources en eau domestiques, la disponibilité des terres et l’utilisation des terres. En Europe, 40% de l’empreinte hydrique se situe hors de ses frontières.
Alors que le concept de l’eau virtuelle et du commerce virtuel de l’eau est très éclairant et peut éclairer la façon dont l’eau est utilisée d’une manière que nous n’apprécions pas souvent pleinement, certains universitaires ont émis des réserves quant à son utilisation et à sa pertinence.
Tout d’abord, il repose sur l’hypothèse que toutes les sources d’eau, quelle que soit leur source, par exemple les précipitations ou fournies par un système d’irrigation, sont de valeur égale. Deuxièmement, cela implique qu’en tenant compte de l’eau virtuelle, les ressources en eau domestiques seraient alors utilisées pour des activités moins gourmandes en eau. Cependant, ce n’est pas toujours le cas et l’option alternative n’aurait pas plus de sens économique. En outre, le concept d’eau virtuelle ne fournit aucune information sur l’utilisation durable ou non des ressources en eau. En tant que tel, il n’a qu’une valeur limitée pour appuyer les décisions politiques et aider à assurer l’atteinte des objectifs environnementaux.