Révolution française

Une carte montrant les 13 parlements de France au début des années 1700

Lorsque les ministres de Louis XVI proposèrent des réformes fiscales et fiscales dans le dans les années 1780, les institutions de l’Ancien Régime leur ont résisté. L’un des organes appelés à entériner ces réformes était les parlements, les plus hautes juridictions françaises. Ils ont cependant refusé de le faire, ce qui a conduit à une confrontation avec le roi.

Quels étaient les parlements ?

Les parlements étaient les cours suprêmes de la France pré-révolutionnaire. Ils ont servi de plus hautes cours d’appel du pays, de la même manière que la Cour suprême des États-Unis, la Cour suprême du Royaume-Uni et la Haute Cour d’Australie. Ils ont également joué un rôle dans l’enregistrement des lois, qui sera discuté ci-dessous.

Les parlements étaient d’anciennes institutions dont l’histoire remonte au 13ème siècle. Au début du XVIIIe siècle, la France comptait 13 parlements différents. Chaque parlement était composé d’au moins 12 magistrats, tous nobles de robe et donc membres du Second État.

Les 13 parlements étaient tous égaux, du moins en théorie, mais le parlement de Paris – de par sa taille, sa proximité avec le roi et son interaction avec le gouvernement royal – exerçait plus de pouvoir et d’influence que les autres.

Enregistrement des lois et des édits

Historiquement, les parlements avaient souvent servi de contrôle sur le pouvoir royal. Bien que les parlements ne puissent pas initier ou modifier des lois, ils ont un rôle important dans le processus législatif.

Selon la coutume, le parlement de Paris scrutait et enregistrait les nouvelles lois et édits royaux avant leur adoption définitive. Cela a donné au parlement de Paris la possibilité de bloquer les édits royaux, soit pour protester contre des politiques spécifiques, soit pour exercer une influence sur le monarque.

Si le parlement refusait d’enregistrer une loi, il publierait une remontrance (une explication écrite de ses préoccupations et objections à la loi). Si cela se produisait, le roi pouvait convoquer les juges du parlement à un lit de justice (« lit de justice », en substance, une session royale du parlement). Lors d’un lit de justice, le roi pouvait passer outre formellement à la remontrance et ordonner l’enregistrement de la loi. Alternativement, le roi pouvait utiliser des lettres de cachet pour intimider, exiler ou emprisonner des magistrats du parlement afin de les forcer à se conformer.

Tension avec les rois

René de Maupeou, qui a tenté de désemparer les parlements

La relation entre le roi et les parlements était souvent tendue. Cette tension pourrait être un facteur important dans le gouvernement royal français aux 17e et 18e siècles.

Le règne de Louis XV (1715-1774) est fréquemment perturbé par des tensions et des conflits avec les parlements. Elle devint particulièrement sévère dans le dernier quart du règne du roi lorsque l’opposition des parlements rendit presque impossible le gouvernement.

À partir de 1763, le parlement de Paris bloque une série de réformes et de politiques royales, dont une nouvelle tranche de la vingtième taxe. En 1766, Louis XV est célèbre lors d’une session du parlement et, dans les termes les plus forts, informe ses juges que sa souveraineté royale est suprême.

Cinq ans plus tard, Louis et son chancelier Maupeou décidèrent d’abolir complètement les parlements pour les remplacer par des conseils composés de fonctionnaires nommés. Les parlements ont retrouvé leur statut antérieur lorsque Louis XVI a accédé au trône en 1774.

Louis XVI et le parlement

Un lit de justice au parlement de Paris

Sous le règne de Louis XVI, le parlement de Paris s’est toujours opposé au gouvernement politiques budgétaires. Elle s’est opposée à l’octroi de nouveaux prêts, arguant que le déficit national devrait être géré par une réduction des dépenses. Les dépenses somptuaires de la cour royale, déjà sous un certain contrôle public, ont également été critiquées par le parlement.

Pendant ce temps, le contrôleur général des finances du roi, Charles Calonne, développait son propre ensemble de réformes pour faire face à la crise budgétaire de la nation. Calonne espérait augmenter les recettes de l’État en stimulant l’économie et en supprimant les exemptions personnelles d’imposition.

Les réformes proposées par Calonne, rédigées en 1786, incluaient l’imposition d’une taxe foncière – sans aucune exemption pour les Premier et Deuxième Domaines. Calonne savait que le parlement de Paris bloquerait ses réformes, alors il demanda plutôt l’aval d’une Assemblée de notables.

Calonne et Brienne défient

Les notables rejettent les propositions de Calonne et ses réformes sont abandonnées. En avril 1787, le roi démet Calonne et le remplace par Etienne Brienne, président de l’Assemblée des Notables.

Brienne a développé son propre paquet de réformes similaires à celles de Calonne. Il espérait stimuler la production et le commerce de la France en supprimant la réglementation interne, tout en supprimant la corvée, en introduisant une taxe foncière et en mettant fin aux exemptions d’impôts personnels.

En juin 1787, Brienne commença à faire passer ces réformes sous forme d’édits. À son crédit, Brienne convainc le parlement de Paris d’enregistrer la majorité de ses réformes. Le parlement refusa cependant d’approuver toute nouvelle taxe, ni de soutenir des modifications radicales des exonérations fiscales. Ces changements, ont fait valoir les magistrats, étaient « contraires aux droits de la nation ». Des changements de cette ampleur, a déclaré le Parlement, ne pouvaient être confirmés que par des États généraux.

Cette défiance amena les parlements à une confrontation ouverte avec le roi. Le 6 août 1787, Louis XVI, sur les conseils de Brienne, convoque un lit de justice où il dissout les parlements de Paris et de Bordeaux. Des lettres de cachet furent émises contre ces magistrats, les envoyant en exil à Troyes, à 110 milles à l’est de Paris. Brienne pensait que si les magistrats étaient détenus à Troyes, loin des pressions publiques de Paris, ils finiraient par reculer.

Les magistrats exilés à Troyes répondirent en écrivant aux autres parlements de France et en les exhortant à refuser l’inscription à tout décret fiscal. L’attaque du roi contre les parlements a également suscité une réaction publique à Paris, avec des assemblées et des manifestations tumultueuses tout au long du reste du mois d’août.

En fin de compte, les parlements ont remporté la journée. Le 24 septembre, le roi autorise les magistrats à rentrer à Paris. Leur arrivée au début du mois d’octobre a été accueillie en fanfare et en fête. Les réformes fiscales de Brienne, quant à elles, ne sont pas enregistrées.

Louis XVI passe à l’action

Pendant les huit mois qui suivent, le roi, ses ministres et le parlement de Paris s’engagent dans un bras de fer législatif. En janvier 1788, le Parlement décide de déclarer illégales les lettres de cachet ; le roi répond en convoquant un lit de justice pour annuler sa décision.

Début mai, le Parlement publie une  » Déclaration des Lois fondamentales de la France « , une tentative d’affirmation de son indépendance judiciaire ; le roi répond par des lettres de cachet qui ordonnent l’arrestation de deux magistrats.

Le 8 mai, Louis XVI suit les pas de son grand-père, Louis XV, et tente de neutraliser complètement les parlements. Tous les futurs édits, selon le roi, seraient enregistrés par un « tribunal plénier » nommé.

Cette attaque royale contre les parlements a déclenché une nouvelle vague de violence publique. Des émeutes ont éclaté à Paris et à Grenoble, les habitants ont bombardé les soldats du gouvernement avec des carreaux. Les protestations contre le traitement des parlements par le roi se poursuivirent pendant des semaines et ne furent apaisées que par la convocation des États généraux (8 août 1788).

Point de vue d’un historien :
« Les historiens ont tendance à juger sévèrement les parlements, arguant en effet qu’ils étaient principalement responsables de l’effondrement de l’ancien régime. Dans une défense tenace des privilèges – notamment les leurs -, ils ont perdu de vue la plus grande constellation de problèmes auxquels la monarchie était confrontée. Pourtant, ce n’était pas ainsi que l’opinion publique voyait leur position. La résistance des parlements à la volonté royale a bénéficié d’un énorme soutien parmi les classes éduquées et elle a été maintenue presque jusqu’à la fin… Le parlement de Paris was a pu se poser avec succès en champion du droit à une époque où la monarchie absolue apparaissait complètement imprudente » »
P. M. Jones

1. Les parlements étaient les plus hautes juridictions et cours d’appel en France. Les parlements étaient également responsables de l’enregistrement des lois et des édits royaux, de sorte qu’ils avaient un rôle dans le processus législatif.

2. La France comptait 13 parlements, dont le plus puissant était situé à Paris. Il refusait souvent d’enregistrer les lois, exposant ses raisons dans des remontrances. Le roi ne pouvait forcer l’enregistrement qu’à un lit de justice.

3. Le parlement de Paris entre en conflit avec la monarchie en 1787-88 lorsqu’il refuse d’enregistrer les édits de Brienne mettant en œuvre une nouvelle taxe foncière.

4. Le roi répondit en envoyant le parlement de Paris en exil à Troyes, dans l’espoir de forcer leur respect, mais cela déclencha d’importants troubles publics et quelques violences.

5. Le parlement de Paris est finalement rétabli, mais les conflits avec le roi et ses ministres se poursuivent dans la première moitié de 1788, aboutissant à la convocation des États généraux.

Arthur Young sur les opinions publiques sur les parlements (1792)

Informations de citation
Titre: « Les parlements »
Auteurs: Jennifer Llewellyn, Steve Thompson
Éditeur: Alpha History
URL:https://alphahistory.com/frenchrevolution/parlements/
Date de publication : 17 octobre 2019
Date d’accès : 06 février 2021
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