L’exécution a été vue par l’aventurier du 18ème siècle Giacomo Casanova, qui a inclus un récit dans ses mémoires:
Nous avons eu le courage de regarder la terrible vue pendant quatre heures… Damiens était un fanatique, qui, avec l’idée de faire une bonne œuvre et d’obtenir une récompense céleste, avait tenté d’assassiner Louis XV ; et bien que la tentative fût un échec, et qu’il ne fit qu’une légère blessure au roi, il fut déchiré en morceaux comme si son crime avait été consommé. … J’ai été plusieurs fois obligé de détourner mon visage et d’arrêter mes oreilles en entendant ses cris perçants, la moitié de son corps lui ayant été arrachée, mais les Lambertini et Mme XXX n’ont pas bougé d’un pouce. Était-ce parce que leurs cœurs étaient endurcis? Ils m’ont dit, et j’ai fait semblant de les croire, que leur horreur devant la méchanceté du misérable les empêchait de ressentir cette compassion que ses tourments inouïs auraient dû exciter.
— Livre 2, Volume 5, Chapitre 3
Réponses philosophiques et politiquesModifier
Le critique Ian Haywood a soutenu qu’Edmund Burke fait allusion à la torture de Damiens dans Une Enquête philosophique sur l’Origine de Nos Idées du Sublime et du Beau (1775), lorsqu’il écrit » Quand le danger ou la douleur pressent trop, ils sont incapables de donner du plaisir, et sont tout simplement terribles; mais à certaines distances, et avec certaines modifications, elles peuvent l’être, et elles sont délicieuses » (soulignement ajouté), punissant » presse » pour faire référence à l’épreuve de Damiens. Le philosophe Cesare Beccaria a explicitement cité le destin de Damiens lorsqu’il a condamné la torture et la peine de mort dans son traité sur les crimes et les Peines (1764). Thomas Paine dans Rights of Man (1791) mentionne l’exécution de Damiens comme un exemple de la cruauté des gouvernements despotiques; Paine soutient que ces méthodes étaient la raison pour laquelle les masses traitaient leurs prisonniers d’une manière si cruelle lorsque la Révolution française a eu lieu. L’exécution de Damiens est également décrite et longuement discutée par Michel Foucault dans son traité Discipline et Punition, en examinant le changement de point de vue sur la punition qui a eu lieu dans la culture occidentale au siècle suivant.
Héritage littérairedit
Voltaire a inclus un récit à peine voilé de l’exécution de Damiens dans sa nouvelle Candide (1759). L’exécution est référencée par Charles Dickens dans A Tale of Two Cities, Livre le Deuxième (1859), Chapitre XV:
» Un vieil homme dit à la fontaine, que sa main droite, armée du couteau, sera brûlée devant son visage; que, dans des blessures qui se feront dans ses bras, sa poitrine et ses jambes, on versera de l’huile bouillante, du plomb fondu, de la résine chaude, de la cire et du soufre; enfin, qu’il sera déchiré membre par membre par quatre chevaux puissants. Ce vieil homme dit que tout cela a été fait à un prisonnier qui a tenté de tuer le défunt roi, Louis Quinze. Mais comment savoir s’il ment ? Je ne suis pas un érudit. – Écoutez encore une fois, Jacques ! » dit l’homme à la main agitée et à l’air assoiffé. » Le nom de ce prisonnier était Damiens, et tout cela se faisait en journée portes ouvertes, dans les rues ouvertes de cette ville de Paris; et rien n’était plus remarqué dans le vaste hall qui le vit faire, que la foule de dames de qualité et de mode, qui étaient pleines d’attention avide au dernier – au dernier, Jacques, prolongé jusqu’à la tombée de la nuit, alors qu’il avait perdu deux jambes et un bras, et respirait encore!' »
Une allusion à l’attaque et à l’exécution de Damiens, ainsi que le récit de Casanova, sont utilisés par Mark Twain pour suggérer la cruauté et l’injustice du pouvoir aristocratique dans le chapitre XVIII d’Un Yankee du Connecticut à la Cour du roi Arthur (1889). La baronne Orczy fait référence à l’incident dans Mam’zelle Guillotine (1940), de la série Scarlet Pimpernel, qui met en scène le personnage fictif de sa fille Gabrielle Damiens. Il y a aussi une description de la mort de Damiens dans la pièce de Peter Weiss Marat/ Sade (1963).
Dans le manga historique Innocent, Robert Damiens est un personnage secondaire au début de l’histoire. Il se lie d’amitié avec Charles Henri Sanson lorsque Sanson propose à son fils un traitement médical. Notamment, Damiens est dépeint comme un homme désespéré essayant de subvenir aux besoins de sa famille, son attaque contre le Roi étant due au désespoir et au désir de voir si le Roi était vraiment différent. Charles est finalement forcé de l’exécuter.