Musée virtuel du protestantisme

La réforme de la musique sacrée

  • XXV Psaume versifié par Clément Marot

Au début du XVIe siècle, la musique sacrée dans l’Église catholique était chantée en latin par le clergé dans les stalles du chœur de l’église. Les réformateurs visaient à rendre la musique au peuple – à tous les fidèles, y compris les femmes.

La musique d’Église devait subir des changements importants, au niveau des paroles et de la musique.

Pour que la congrégation puisse chanter, les paroles devaient être dans la langue du peuple. Les textes qui devaient être chantés devaient être traduits et adaptés. La décision a été prise de les écrire en strophes en vers mesurés, avec un nombre défini de pieds.

Ces textes étaient soit des Psaumes de la Bible, soit basés sur d’autres passages de la Bible.

La musique

  • XXXIII Psaume versifié par Clément Marot

Le chant de congrégation signifiait renoncer à la polyphonie qui, à l’époque, était très populaire. Les gens chantaient à l’unisson une syllabe par note, et la mélodie devait se conformer au motif de stress du mot.

Les progrès de l’impression musicale ont permis à ce nouveau répertoire de se diffuser rapidement. Même si tous les fidèles ne savaient pas lire, et encore moins lire des partitions, les nouveaux Psautiers ont contribué à promouvoir le nouveau répertoire.

Le répertoire variait d’un mouvement réformé à l’autre.

Le mouvement luthérien

Luther aimait la musique et en composait même. Le résultat fut que la réforme luthérienne accueillit chaleureusement la musique.

Luther a dit :  » Dieu annonce l’Évangile aussi par la musique « , l’Évangile étant la Parole incarnée en Jésus-Christ. Luther voulait que le service soit centré sur le Christ, et fit donc composer de nouveaux hymnes qui prêchaient l’incarnation, la croix et la résurrection. Ils ont été nommés Chorals luthériens.

Les textes étaient divisés en strophes, d’abord chantées à l’unisson, puis en quatre parties.

L’écriture chorale s’est largement développée. L’exemple le plus célèbre était « Ein feste Burg » (« Une forteresse puissante est notre Dieu »): les paroles et l’air ont été écrits par Luther lui-même.

Ni les orgues, ni les autres instruments de musique, ni les chœurs professionnels n’avaient jamais disparu des églises luthériennes. Celles-ci ont permis une production florissante de musique sacrée aux XVIIe et XVIIIe siècles avec des compositeurs tels que Schütz, Bach, etc. À l’époque de Johannes Sebastian Bach, 5 000 chorals existaient déjà. Bach n’a pas produit de nouvelles mélodies pour les Passions, mais a harmonisé certains de ses chorals.

Le mouvement réformé

  • Volume officiel des Psaumes de David (Genève 1562) ©Collection particulière

Les Réformés sont allés plus loin dans la réforme de la musique et ont interdit tout rappel de la mainmise cléricale sur la musique sacrée. Les orgues de chœur ont même été supprimés.

Les fidèles ont chanté « a capella », à l’unisson et sans l’aide d’instruments. Le répertoire réformé était composé de psaumes.

Pourquoi les Psaumes et pourquoi les Psaumes seulement?

Les psaumes bibliques ont été donnés par Dieu : c’était comme si Dieu lui-même les avait placés dans la bouche des adorateurs pour chanter sa louange.

Le service d’adoration réformé était axé sur la gloire du Dieu – soli deo gloria – et les Psaumes étaient une expression la plus adéquate de cette gloire. Le culte luthérien était axé sur la personne de Jésus-Christ et cela a abouti à l’écriture de nouveaux hymnes: les Chorales.

Pendant son séjour à Strasbourg avec Martin Bucer, Calvin entend pour la première fois le chant des psaumes en allemand. Luther a été le premier à mettre les Psaumes en vers et en strophes en allemand. À Strasbourg, Martin Bucer a fait de même avec l’ensemble du Psautier. Calvin a repris l’idée et a demandé à de vrais poètes – tels que Clément Marot et Théodore de Bèze – d’écrire de la poésie, et à de vrais musiciens de composer de la musique pour un Psautier qui devait être connu sous le nom de Psautier de Genève.

D’autres Psautiers ont été composés à Lausanne, Bâle et Mulhouse, mais celui de Genève était surtout connu pour la qualité de sa poésie et de sa musique.

L’absence d’instruments pour accompagner les hymnes a incité Calvin à créer un ministère spécifique pour diriger le chant des psaumes: le cantor. Parmi les plus connus d’entre eux se trouvait Loys Bourgeois.

À la fin du XVIe siècle, le chant des psaumes en trois ou quatre parties était pratiqué à la maison ou en privé. Claude Goudimel et Claude Lejeune sont les compositeurs les plus en vue qui ont harmonisé les psaumes.

Mais la production musicale réformée s’est pratiquement terminée vers la fin du XVIe siècle.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.